Meunerie Une rentabilité toujours en berne
Malgré une progression des ventes de farine, l’ANMF tire de l’année 2024 un bilan en « demi-teinte » avec une rentabilité au ras des pâquerettes.
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En 2024, la production de farine a progressé de 5,5 % pour atteindre 4 Mt, selon l’Association nationale de la meunerie française. Les ventes ont suivi la même tendance (+ 5 %), totalisant 3,86 Mt de farine de blé. Cette dynamique a été tirée par des marchés en croissance : boulangerie industrielle, industrie alimentaire (pains de mie, pizza…), amidonnerie et alimentation animale. Mais derrière ces signaux positifs se cache une réalité plus morose : un chiffre d’affaires en recul de 9 % pour s’établir à 2 Mds€ et une rentabilité des entreprises qui reste parmi la plus faible de l’industrie alimentaire. La marge nette en 2023 était d’ailleurs négative pour la deuxième année consécutive.
Importations croissantes
Autre point d’inquiétude, la progression des importations de farine (+ 40 %), principalement en provenance d’Allemagne et de Belgique. Ce qui représente « un déficit commercial historique », alerte l’ANMF. « 25 % des sachets de farine de 1 kg vendus en GMS sont issus de la meunerie allemande. Le drapeau tricolore apparaît sur des paquets de farine alors que le blé français est envoyé en Allemagne pour être transformé », dénonce Anne-Céline Contamine, directrice de l’ANMF.
Or la compétitivité de la meunerie française passe par une restauration de ces marges, condition indispensable pour moderniser les outils de production. « Sans un juste prix, la meunerie française ne peut continuer à investir. Il est essentiel que les pouvoirs publics soutiennent davantage les secteurs industriels non délocalisables et qui sont au service de l’indépendance alimentaire nationale et de la décarbonation », insiste le président, Jean-François Loiseau.
Ergot préoccupant
À ces enjeux économiques s’ajoute une préoccupation grandissante : la qualité sanitaire. Le plan de surveillance Contrôle F, lancé en 2024 par l’ANMF et regroupant les analyses sanitaires de 67 entreprises engagées (79 % des farines), a révélé une forte progression des contaminations en alcaloïdes de l’ergot. Résultat : 17 % des farines ont été classées non conformes, un chiffre qui grimperait à 33 % en tenant compte de l’abaissement des seuils prévu en 2028. L’ANMF demande donc un soutien de l’État pour équiper les moulins en matériels de nettoyage et de tri optique, un alignement des seuils entre blé et farine, et un report de l’échéance de 2028, le temps de trouver des solutions.
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